Prenez la connexion sur Mulholland Drive
(20/11/2001)
La vision de MULHOLLAND DRIVE, dernier film de David Lynch qui
a subjugué Cannes, sapparente à un surf sur
le web. On passe dunivers en univers, on perd pied dans
la virtualité et on est submergé dinformations.
Les internautes fans du réalisateur, déjà
ravis davoir comme objet dintérêt un
homme aux goûts infinis, ont ainsi un objet de réflexion
passionnant. Le site officiel du film, sobre, et les interviews
de Lynch, parcimonieuses, laissent toute latitude à une
multitude de sites pour enrichir le mystère Lynch.
Les fans de David Lynch nont jamais été aussi
heureux. Le dernier film du réalisateur, MULHOLLAND DRIVE,
est son plus expérimental, intime (« Mulholland Drive
», cest tout simplement son adresse...), son plus
« tout », un truc quon appelle film pour faire
simple, délicieusement indéfinissable, qui explose
toutes les frontières existantes de limage. Du coup,
le site officiel qui lui est consacré ne paraît pas
à la hauteur, mais il est tout de même stylé
et racé comme ses actrices, et joue la carte de lhumilité
comme le réalisateur. La rubrique « téléphone
» (objet fétiche de ses films) intrigue beaucoup.
Avec la souris, on y compose des numéros sur un vieux cadran,
mais rien ne se passe... pour linstant. Ce téléphone
est lentrée du site Davidlynch.com. Cest la
deuxième bonne nouvelle qui excite les fans, particulièrement
du Web. Cest aussi celle qui énerve, puisque Davidlynch.com
devait être lancé en mai, en septembre, le 9 novembre,
le 16... A lheure ou nous bouclons, comme on dit, rien en
ligne. Le site fera lobjet dun autre article (au moins).
Un puzzle sur le site officiel
Sur le site MULHOLLAND DRIVE, quelques petites perles sont à
piocher : la bio de Lynch indique juste « Né à
Missoula dans le Montana. Aigle chez les scouts ». Un petit
jeu de puzzle (bonne métaphore du film) donne accès
à une animation bonus très courte, souvenir dun
des moments les plus angoissants du film. Enfin six extraits donnent
(si besoin nétait) envie de voir le film. Le mini-site
créé par notre confrère Canalplus.fr joue
plus la carte du mystère dans la présentation. Sur
les deux sites, peu de texte, mais de toute façon, le film
est irracontable, na jamais vraiment eu de scénario,
et ni David Lynch ni ses actrices, surtout interviewées
avant davoir vu le montage final, sont incapables de raconter
comment ils sont arrivés à MULHOLLAND DRIVE. Nulle
part vous ne trouverez dexplications rationnelles sur la
structure du film. Tout au plus peut-on savoir à longueur
dinterviews qu'il était à lorigine une
série télé, ou que Lynch a dû aller
chercher largent du film en France (honte sur Hollywood).
Embouteillage de sites...
Les précédents films de David Lynch, surtout TWIN
PEAKS et LOST HIGHWAY, avaient déjà créé
une communauté de spectateurs fascinés, qui ont
mis leur passion sur le net. On y trouve par exemple un mémoire
(forcément barbant) reliant ces deux films avec force jargons.
Lynch est un des rares exemples de cinéaste qui a généré
des sites intelligents, pas bêtement fascinés, pas
bâclés visuellement. De la page perso au site des
"Cahiers du Cinéma" en passant par la bible américaine
Lynchnet.com, la balade fait dériver vers la peinture (sombre,
torturée), la BD, lart contemporain ou la musique,
tous les domaines auxquels lhomme a touché avec une
originalité constante. Mais, trève de compliments,
un des défauts de Lynch, du point de vue dun spectateur
qui veut en savoir plus, est de ne pas aimer les interviews. Doù
la rareté de sa parole sur ces sites, dans laquelle il
ne faut pas chercher des réponses mais des sujets de questions.
Yann Kerloc'h