L'EXPRESS, 28 novembre 1999 :
"Ce film à la morale "hollywoodienne" c'est-à-dire simple, à l'antique,
va à l'encontre du style "hollywoodien" du moment. On y roule
à 5 kilomètres à l'heure, on n'y tire pas un coup de feu et on
échange des souvenirs tristes plutôt que des injures. L'étranger
de passage sort plus facilement une saucisse de Francfort qu'un
colt à six coups quand une ombre s'approche de son bivouac nocturne.
La jeune auto-stoppeuse qui surgit ainsi de la nuit ne tente pas
de l'égorger, mais cherche à se confier. C'est la nostalgie du
western humaniste à la John Ford que Lynch ressuscite d'un seul
passage de tondeuse à gazon." (Jean-Pierre Dufreigne)
POSITIF, novembre 1999 :
"David Lynch continue de filmer l'Amérique avec son "oeil de plasticien"
fasciné par la bizarrerie et par les marginaux. Mais, si les films
précédents de Lynch cherchaient toujours à radiographier les zones
incertaines où le fantasme et l'imaginaire contrarient le réel,
"Une histoire vraie" privilégie au contraire un certain classicisme
narratif, la psychologie et les émotions essentielles de ses personnages.
Ponctuellement plus près d'un John Ford que d'un Stanley Kubrick,
David Lynch se renouvelle et continue de nous enchanter par la
subtilité de sa mise en scène et sa sensibilité à nulle autre
comparable."
STUDIO, novembre 1999 :
"A travers cette histoire simple et bouleversante, le cinéaste
parle de choses essentielles et universelles : la mort, l'amour,
les liens du sang, le temps qui passe, le pardon, la solitude…
Autant de thèmes certes omniprésents dans son œuvre mais
qui, ici, grâce à un récit d'une linéarité exemplaire, sont abordés
de façon moins abstraite et donc forcément plus forte. Comme si,
pour une fois, le réalisateur de "Blue Velvet" et de "Lost Highway"
n'avait pas eu besoin d'user de ces artifices visuels et scénaristiques
qui ont fait son style pour se rapprocher au maximum des profondeurs
de l'âme humaine. De ce parti pris, nouveau pour lynch, il naît
une émotion brutale et saisissante, quelque chose qui nous renvoie
irrémédiablement à nous mêmes et à nos propres interrogations
existentielles, voire métaphysiques." (Thierry Klifa)
LES CAHIERS DU CINEMA, juin 1999 :
"On s'étonne , à la vision d' "Une histoire vraie", que le voyage
du vieil Alvin sur sa tondeuse à gazon, à travers tout l'Ohio
et vers le Wisconsin, réussisse, en ne croisant sur sa route que
les répliques éteintes, pacifiées, de ceux que Lynch met d'habitude
en scène. Plus exactement, cet étonnement se poursuit et se renouvelle
au cours de tout le film, de telle sorte que la linéarité elle-même
devient l'objet d'un suspense, et l'absence de drame l'occasion
de maintes surprises. Il y a d'abord, de la part de Lynch, un
extraordinaire travail sur "l'attente" du spectateur, jusqu'à
ce moment où, le frère ayant retrouvé le frère, tout s'arrête
puisqu'il ne reste rien à attendre." (Emmanuel Burdeau)
LE NOUVEAU CINEMA, novembre 1999 :
"C'est un miracle qui s'accomplit sous nos yeux : celui de l'amour.
L'amour d'un frère, plus fort, dans sa simplicité, que toute autre
forme d'affection. Et les larmes de monter aux yeux devant la
quête de cet improbable héros, une sacrée tête de mule qu'on a
envie de serrer dans ses bras, comme pour le consoler de tant
d'années gâchées, passés loin de ce frère adoré en secret." (Olivier
Bonnard)
PREMIERE, novembre 1999 :
"Passé la première surprise, on se rend compte que "Blue Velvet"
et "Twin Peaks" regardaient en fait dans la même direction, une
certaine carte postale de la petite ville américaine. Lynch change
simplement de lunettes. Ce n'est plus le trouble et la perversion
qu'il veut dénicher cette fois. Ce serait plutôt quelque chose
à sauver. Lui qui a toujours manié le malaise et l'angoisse se
montre tout aussi habile avec des émotions plus positives, plus
délicates. Il réussit l'exploit de se tenir toujours à distance
de la mièvrerie et du ricanement, pour accomplir précisément ce
qu'il s'est promis - ramener Alvin Straight à son frère, physiquement
et psychologiquement - avec la même obstination et la même légèreté
que son héros." (Gilles Verdiani)
CINE LIVE, novembre 1999 :
"S'il y a certes, un je-ne-sais-quoi de surréaliste dans cette
odyssée, David Lynch se garde bien d'en rajouter. Sobre, il est.
Contemplatif, même. Aimant, voire altruiste : "Une histoire vraie"
signe enfin la réconciliation de Lynch avec le genre humain, dix
neuf ans après les déboires de John Merrick ; alias "Elephant
Man"." (Sandra Benedetti)
LE PARISIEN, 3 Novembre 1999 :
"Lynch prend son temps, à la vitesse de cette grosse tondeuse
à gazon, autre vedette du film, et il brosse le portrait de l'Amérique
profonde, celle des pionniers avec ses immenses et sauvages paysages,
ses habitants unis par le sentiment d'appartenir à une même communauté,
nourris de valeurs morales et d'idéaux solides comme des chênes.
Une histoire simple mais superbe et touchante." (A.G.)
LES INROCKUPTIBLES, semaine du 3 au 9 Novembre 1999 :
"Comme toujours chez Lynch, "The Straight Story" est un film-concept
qui se nourrit de sa mise en œuvre, et qui s'autorise ainsi
les détours les plus incongrus… Aussi buté que son héros,
et finalement aussi ouvert que lui à la rencontre et à la digression,
le film excelle dans le changement d'échelle et de registre, comme
si le traitement frontal et linéaire d'un mélodrame qui aurait
pu n'être qu'édifiant avait fini de libérer Lynch pour le pousser
à toujours plus d'audace." (Frédéric Bonnaud)
FIGAROSCOPE, semaine du 3 au 9 Novembre 1999 :
"David Lynch défie tranquillement toutes les lois du cinéma d'action,
et non moins celles du cinéma d'auteur à l'esthétisme voyant :
sans rien perdre de sa maîtrise, il refuse tout effet brillant
et s'efface devant son sujet comme un peintre d'icônes profondément
immergé dans le mystère." (Marie-Noëlle Tranchant)
LIBERATION, 3 Novembre 1999 :
"…Lynch entend évoquer le cinquième âge de l'humanité moderne
telle que le préfigure cette Amérique vieille, éculée, épuisée,
et de plus en plus majoritaire, que le cinéaste regarde au fond
des yeux, qu'elle a fort vitreux. De ce point de vue, "Une histoire
vraie" ressemble à s'y méprendre à "Une nuit du chasseur" de la
vieillesse." (Olivier Séguret)
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